CHAPITRE 5 Symbiases.

 

Les Villes s’accouplaient dans le silence du vide. Partout où Nadiane portait son regard, elle apercevait un amas confus de masses circulaires brunes, aux filaments enchevêtrés, qui l’enfermaient dans une cage de chair. De l’autre côté, à moins de quinze minutes lumière, une étoile binaire était sur le point de mourir et elle était en train de manquer le spectacle.

L’AnimalVille qui transportait le Nexarche avait émergé en plein milieu d’un troupeau de plusieurs milliers de ses congénères. Il avait aussitôt abandonné le vaisseau, l’expulsant de sa chair avec une hâte que Nadiane avait jugée particulièrement indécente. Puis il s’était rué vers les murailles mouvantes qui s’étaient entrouvertes pour l’accueillir Depuis quatorze heures, le Nexarche dérivait au milieu d’une frénésie d’accouplement qui semblait ne pas vouloir cesser.

Les Villes sauvages étaient immenses ; chacune d’elles aurait pu abriter dans ses flancs plusieurs dizaines de milliers d’êtres humains. Leur forme était celle d’un disque aplati, entouré d’une couronne d’épais filaments à peine plus sombres que la chair. Leur base, à peu près plate, était traversée de plis concentriques, tandis que des excroissances habitables se répartissaient harmonieusement sur la face supérieure. Sous les dômes et les terrasses se devinait l’architecture du cartilage ; des places irrégulières s’ouvraient par endroits, points de confluence de ruelles au tracé en trompe-l’œil. Les couleurs variaient du pourpre au violet foncé, en passant par toutes les variétés d’ocre et de brun. Même pour Nadiane, qui n’avait jamais vécu en dehors de l’archipel de stations spatiales baptisé Symbiase, elles avaient quelque chose d’intensément familier.

L’intelligence artificielle du vaisseau avait tiré des salves de billes-sondes dans toutes les directions. Des milliers d’images s’empilaient sur la mosaïque des moniteurs, constituées essentiellement de gros plans : chair contre chair hérissée de picots durcis, nœuds complexes de filaments réunissant jusqu’à cinq Villes dans une même étreinte, bâtiments turgescents ou au contraire pressés l’un contre l’autre, recouverts d’un mucus luminescent qui protégeait leur surface. De longs tressaillements les agitaient parfois ; leur plaisir se propageait à la façon de l’onde de choc d’un raz-de-marée.

Nadiane avait été stupéfaite de voir les Villes s’accoupler ainsi face à face, leurs beffrois entrecroisés, leurs dômes encastrés l’un dans l’autre, à la fois duellistes et amantes. Lorsque les billes-sondes se tournaient dans la direction du Nexarche, elle se voyait comme un tout petit éclat lumineux, un diamant enchâssé dans le nombril d’un géant secoué de spasmes silencieux.

— Va dormir, je te réveillerai quand tu ne seras plus seule, dit la voix de Joanelis à travers son flagelle. Lya et moi avons fait des calculs ; les Villes ne changeront pas de position d’accouplement avant au moins deux heures. Rien ne devrait se passer d’ici là.

— D’abord, je n’ai pas sommeil, ensuite qu’est-ce que tu connais de l’érotisme des Villes ?

— Vu leur taille, la sexualité des AnimauxVilles relève essentiellement de la mécanique céleste !

La voix de Lya se mêla à la conversation. Depuis le début du voyage, l’intelligence artificielle se manifestait peu ; elle s’était repliée dans l’univers clos des réservoirs de données, là où elle n’avait à partager avec personne la simulation de Joanelis qu’elle avait recréée.

— Je reçois des fragments d’émission dans le bas du spectre, émit-elle en mode formel. Sans doute artificielle, probablement d’origine Mécaniste. On dirait que leur vaisseau est coincé au milieu d’un troupeau d’une taille comparable au nôtre.

Nadiane prit une grande inspiration.

— Eh bien, nous y voilà ! Tu peux leur faire savoir que nous sommes là ?

— Ils le savent déjà. Les Villes leur bloquent le passage mais ils comptent bientôt franchir le barrage.

La simulation de Symbiase s’éveillait peu à peu. Une rumeur d’excitation, issue des réservoirs de la cale, montait le long du réseau central. Quatre millions de personnalités artificielles, animées par Lya, se préparaient à prendre part à l’action en cours.

— Ils ont des armes ?

— Leur vaisseau refuse de me répondre.

— C’est aussi proche d’un oui que je peux l’imaginer, venant d’eux. J’espère qu’ils ne comptent pas se taillader un chemin jusqu’à nous ?

— Ils feront la moitié du trajet. À nous de les rejoindre, si nous en sommes capables.

— C’est un problème intéressant, émit la simulation de Joanelis, à laquelle Nadiane accordait en permanence un canal d’expression privilégié. Ce genre de défi est tout à fait dans leur style : un rituel de guerrier, sans le moindre intérêt pratique mais qui nous oblige à jouer suivant leurs règles. De quel délai disposons-nous ?

— Ils sont déjà en route.

La rumeur qui était Symbiase, le monde recréé dans les réservoirs de cristaux-mémoires du Nexarche, envahit l’habitacle de pilotage. La simulation était désormais totalement opérationnelle ; Lya animait en temps réel chacun des êtres qui la peuplaient et le flux de questions, de suggestions et d’analyse avait atteint un niveau proche de la saturation. Tous les Connectés apprenaient depuis l’enfance la politesse du Réseau : écouter était indispensable, par contre parler n’était admissible qu’à condition d’avoir quelque chose à dire de véritablement personnel. Chaque habitant de l’archipel s’entourait d’une intelligence artificielle privée qui lui servait de secrétaire. Elle l’aidait à formuler ses remarques de la façon la plus concise possible et, surtout, elle s’assurait que l’information à transmettre n’était pas déjà disponible ailleurs.

Pour la première fois depuis le début du voyage, Nadiane se retrouvait chez elle : le forum de discussion s’organisait autour d’elle, sans heurt. La question Comment rejoindre le vaisseau mécaniste ? fut analysée en commun, sous tous les angles possibles. Plongée dans l’ivresse de l’interface, Nadiane oublia les murailles de chair qui faisaient l’amour au-dehors. Avec reconnaissance, elle laissa son individualité se diluer dans la mer tiède des données.

— Réfléchis avec moi, grand frère, soupira-t-elle. Le temps presse.

— Les Villes nous bouchent la vue… On n’a pas idée de baiser si lentement ! À croire qu’elles ne s’étaient pas vues depuis des siècles.

— Je peux les comprendre. Ton odeur me manque, tu sais ?

— Essaie de leur expliquer ça !

Une bouffée de tendresse parfaitement simulée remonta le long du flagelle de Nadiane. Les pixels de sa peau se teintèrent de cuivre et d’or. Elle ferma les yeux sous la caresse numérique et l’inspiration la frappa :

— Attends un peu… (Tandis que ses pensées s’ordonnaient à toute vitesse autour d’un axe inattendu, la jeune fille ne put s’empêcher de pouffer.) J’ai peut-être une idée qui forcera les Villes à nous laisser passer. Lya, tu peux communiquer avec elles ?

— Pas individuellement, mais je peux émettre sur une bande large qu’elles capteront toutes.

— Trouve-moi le nom d’un quelconque Mécaniste à bord de leur vaisseau, jeune de préférence. (Tecamac, dans l’armure du même nom, c’est la seule qui me répond.) Explique aux Villes que je partage leur excitation, et que je vais moi aussi retrouver un amant !

— Fait.

Nadiane se redressa et bondit vers les écrans.

— Si ça ne les fait pas bouger, personne n’y arrivera !

 

Une poignée de minutes plus tard, le mur s’entrouvrit. Les Villes avaient à peine modifié leur chorégraphie amoureuse mais cela suffisait pour créer une faille dans laquelle le Nexarche s’engouffra avec prudence. Nadiane, les yeux rivés sur les écrans, poussa un cri de triomphe lorsque le nez du vaisseau se glissa entre les dômes de deux Villes jumelles qui interrompirent leur étreinte le temps de les laisser passer.

Toute à son excitation, elle désopacifia la totalité de la coque et s’assit en tailleur dans le poste de proue, sous un ciel de chairs turgescentes aux nuances violentes. Un tunnel se formait en avant du Nexarche. Les tentacules entrecroisés s’écartaient de sa route avec complicité ; les beffrois interrompaient leur duel le temps qu’il se faufile entre eux, frôlant au passage leur pointe de cartilages durcis.

Parfois, des Villes inversées planaient au-dessus du vaisseau. Nadiane suivait du doigt le tracé des rues en contre-plongée et s’amusait à le reproduire sur sa peau. En réponse, les draperies des terrasses s’agitaient lascivement sur son passage ; les opercules des bâtiments lui adressaient des clins d’œil obscènes. Sa présence en cette intersection précise du temps et de l’espace était parfaitement acceptée par les gigantesques créatures qui communiquaient avec elle au moyen de symboles arrachés à leur inconscient commun. C’était une sensation extraordinaire : jusqu’à ce jour, elle ne l’avait ressentie qu’au plus fort de l’immersion totale dans le Réseau.

Lya pilotait de plus en plus près, comme si elle partageait l’excitation de sa passagère. Par contre, la simulation de Symbiase se désintéressa rapidement du spectacle que transmettaient les capteurs de la coque. Le brouhaha des personnalités reconstituées diminua et finit par retomber au niveau de veille minimum.

Sans y avoir pris garde, Nadiane se retrouva seule.

L’air qu’elle respirait devint lourd ; la lumière filtrée par la coque vira peu à peu au verdâtre. Les murs frémissants de vitalité se craquelèrent d’ombres menaçantes, tandis que les bouches d’ombres des bâtiments s’ouvrirent sur des intérieurs emplis d’os. À l’avant du vaisseau, le tunnel se rétrécit.

Elle oublia l’espace profond qui l’entourait, l’étoile binaire dont les radiations rebondissaient sur les boucliers de la coque. Son univers implosa. Les murailles de chair interceptaient toute lumière et masquaient le noir apaisant du firmament. Éclairée par les feux du Nexarche, Nadiane tomba dans un puits sans fond, envahi de replis qui exerçaient sur elle une fascination morbide.

Hypnotisée par la danse érotique des Villes dont le Nexarche était devenu l’un des protagonistes, elle oublia de surveiller ses signes vitaux. Les pixels de sa peau s’éteignirent un à un, dessinant sur son ventre un paysage d’hiver envahi de neige numérique. Le gris envahit son visage, l’écran de ses yeux se ternit. Plus rien ne remontait de son flagelle ; le cordon ombilical qui la reliait à Symbiase était coupé.

Les bras serrés autour du corps, les pupilles fixes, elle ne vit pas les murailles de chair s’évanouir autour d’elle. Le Nexarche avait regagné une zone d’espace libre, entourée d’une barrière lâche d’AnimauxVilles qui se reposaient entre deux assauts. L’intelligence artificielle immobilisa le vaisseau et coupa les moteurs.

Personne ne lui avait jamais appris à s’inquiéter du silence.

 

Ce fut son conditionnement de prospectrice qui sauva Nadiane. En cinq ans, son corps avait acquis les réflexes indispensables à une dérive hors du Réseau. Lorsqu’elle bascula, tête en avant, vers le plancher du poste de proue, elle avait plongé dans une transe profonde, en circuit fermé sur le réservoir de ses souvenirs. La simulation de Joanelis la découvrit ainsi, recroquevillée dans le noir, inconsciente. Les signaux relayés par son flagelle étaient si bas qu’il était presque impossible de les détecter.

Deux millisecondes plus tard, le Nexarche passait en mode alarme.

Le vaisseau se déploya vers l’intérieur. Les parois souples, constituées d’empilages multicouches dont chacune possédait une mémoire de forme, se reconfigurèrent de manière à recréer une section de couloir sur le modèle de ceux de Symbiase. L’environnement sonore, la température, l’hygrométrie, furent ajustés en conséquence. Puis un flot de données congelées remonta en bypass à travers le flagelle de Nadiane ; celle-ci entreprit sa longue et difficile remontée vers la surface de sa conscience.

 

Parmi les millions de personnalités disponibles dans les réservoirs numériques, seul un faible pourcentage fut d’abord activé. Joanelis connaissait par cœur les tables de décompression et monitora le retour de plongée profonde en compagnie d’une équipe spécialisée dans ce type d’accidents. Petit à petit, le reste de Symbiase se joignit au processus, jusqu’à ce que le système nerveux du vaisseau soit saturé d’échanges et de bavardages. Réunis en cellule de crise, les membres du Conseil analysaient la situation et cherchaient à l’extrapoler jusqu’à ses limites extrêmes.

Quand Nadiane ouvrit les yeux, elle était de retour chez elle et le bavardage du Réseau l’enveloppait d’une pellicule tiède. Dans un demi-sommeil, elle entendit la voix de son frère :

— Tous ensemble, nous allons l’aider à se souvenir… Lya, sous aucun prétexte, tu ne dois laisser la simulation s’interrompre et la priver de notre présence ! Nous ne pouvons pas survivre seuls. Si ma sœur perd le sentiment d’identité que lui renvoient les autres, elle mourra.

Il y eut un intervalle de temps perceptible, tandis que le cœur électronique de l’intelligence artificielle mesurait les conséquences de ce qui venait d’être dit. Puis elle annonça :

— Impossible. Je ne peux pas assurer l’ensemble de mes tâches et m’occuper de l’évolution de vos personnalités en même temps.

— Tu ne peux pas ? (La personnalité simulée de Joanelis effectua un retournement mental sur lui-même et assembla la totalité des paramètres en sa possession à une vitesse qui aurait stupéfié son original de chair.) Dès que Nadiane sera hors de danger, effectue un contrôle complet de l’ensemble de tes processus, et recalcule-moi ton record d’improbabilité. Je veux vérifier quelque chose.

— Compris. Au fait, le vaisseau mécaniste est à portée de mes détecteurs. L’ingénieur en chef Hualpa nous félicite pour notre célérité.

Nadiane s’étira paresseusement.

— Tu vois, ça a marché, grand frère ! Que disent leurs I.A ?

— Tout ce qu’ils émettent est d’origine humaine.

— Verrouillage des communications ?

— Improbable. (Lya soupesa l’ensemble des informations dont elle disposait.) Je crois qu’ils n’ont à bord que des intelligences castrées, muettes.

— Image !

Les faisceaux entrecroisés des simulations tridimensionnelles détaillèrent une structure d’un noir mat, qui avançait parallèlement à eux. La base de données de Nadiane lui fournit immédiatement des points de référence… Le vaisseau ressemblait à un scorpion, avec un corps annelé et des extensions latérales repliées sous le thorax.

— Sainte Toile, émit la jeune Connectée. Ils sont une centaine de fois plus gros que nous !

Tout autour des deux vaisseaux, les AnimauxVilles se massaient avec curiosité. Nadiane contempla leur ballet et se sentit saisie de vertige. L’extérieur était un maelström grouillant de vie qui menaçait de l’engloutir.

— Je reçois un message d’une Ville nommée Turquoise, signala Lya. C’est elle qui abritera les Retrouvailles. Nous devrions la voir surgir bientôt.

— Je suis fatiguée, murmura Nadiane.

Une douleur sourde pulsait au niveau de ses tempes. Elle se sentit glisser de nouveau dans l’inconscience, sans pouvoir lutter. Ses propres signaux d’alarme mentaux étaient incapable de la maintenir éveillée.

— Je peux me charger du pilotage, dit Lya. Tu veux bien ?

Nadiane acquiesça machinalement. Ses yeux se fermaient tout seul. À l’autre bout de son flagelle, l’inquiétude de Joanelis était une mer douce et tiède dans laquelle elle se laissa sombrer avec reconnaissance.

 

Etoiles Mourantes
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